par KIYE SIMON LUANG dans Cinéma Hors Capital(e) les éditions commune
Pologne… Laissons faire le hasard, toutes les nécessités s’exprimeront. Comment décrire autrement ce qu’est le cinéma de Caroline Delaporte? Un mélange de gestes spontanés et d’une pensée qui serait comme la mémoire de l’eau. Insondable. La Pologne du film Pologne échappe à la tautologie tout en ayant l’évidence d’un proverbe. Rien n’y manque avec pourtant très peu. Un scénario comme une épure d’histoire.
Un personnage principal dont on devine qu’il est entièrement inspiré par son interprète. Un décor naturaliste pas tout à fait réaliste. Un « très peu… » mais la pauvreté ne s’applique pas quand il y a tant d’amour dans les coeurs, dans les corps et les visages. Il y a des splendeurs ahurissantes. Magie du Super8.
Devant et derrière la camera, on retrouve le même corps, le même regard, la même rêverie. Une distraction heureuse guide l’attention vers l’évenement furtif. On rit et on a le coeur lourd dans le même instant. Caroline ouvre son parapluie bleu dans un autobus. Dehors il fait grand soleil. Dans les allées du cimetière règne une atmosphère de paix, c’est à dire de ce qui survient juste après la guerre. La violoniste est belle, blonde comme les blés, comme toutes les Polonaises, comme sait être rouge le rouge du sang des films en noir et blanc ( Pologne est en couleurs) Et c’est quand la bande-son est muette qu’on entend le mieux sa musique.
Le saule pleureur pleure, encore une apparente tautologie : à voir les mouvement de son feuillage qui sont les ondes d’une rivière, on touche à la musicalité du cinéma.
Rivières, autre film de Caroline Delaporte, sans déterminant lui aussi…